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PARCOURS VEGANE : MELANIE

Mélanie, traiteur végane en Bretagne


1- Quel est votre historique alimentaire ?

Je suis née dans une famille de morfales qui a toujours prôné le fait-maison à travers une cuisine très française et très terroir.
Par la suite, je n'ai eu envie de cuisiner qu'à 18 ans lorsque j'ai dû me débrouiller seule dans mon appartement d'étudiante. Comme beaucoup de femmes j'imagine, j'ai mis longtemps à trouver un équilibre, jonglant entre une gourmandise énorme, un sacré coup de fourchette et les régimes les plus stupides qui existent.
Comme je n'y ai jamais goûté chez mes parents, j'ai toujours détesté la cuisine industrielle et n'ai jamais mangé de plat tout prêts. Même avec mon micro budget d'étudiante, je préparais mes repas, certes peu élaborés, mais plutôt équilibrés.
La nutrition m'a toujours intéressée au point de commencer des études de diététique, mais les cours étant finalement bien trop éloignés de ma vision de la table, j'ai laissé tomber.
Il m'a fallu attendre ma première grossesse pour aimer mon corps et avoir enfin un rapport sain avec la nourriture. Depuis ce jour, l'acte de manger n'est plus seulement défini par des écarts de gourmandise VS une alimentation saine : je mange à ma faim, sans rien peser ni calculer mais avec de bonnes bases d'équilibre alimentaire.


2- Avez-vous eu un déclic ou avez-vous lentement évolué vers le mode de vie végane ?

Le mot végétarisme n'a jamais fait parti du vocabulaire familial, je ne savais même pas ce que cela existait avant de me mettre à cuisiner.
Lorsque vers 20 ans j'ai découvert la cuisine végétarienne, j'ai immédiatement adoré. Il n'y avait pas l'ombre d'un questionnement éthique, simplement la possibilité de varier davantage encore mes plats, de manger équilibré et de limiter les produits que je détestais cuisiner comme la viande.
Mon passage au végétarisme s'est fait grâce à mon travail de traiteur : devoir cuisiner des produits qui me déplaisaient m'a amené à imaginer d'autres plats.
Plus tard, j'ai mis un pied dans le monde de la souffrance animale et je n'en suis pas ressortie.
Mon végétarisme s'est installé progressivement sur une année.
En plus de bouleverser ma vie personnelle, de casser des croyances, de découvrir d'autres alternatives, de m'affranchir des certitudes nutritionnelles qu'on nous assène chaque jour et de remettre en question tout mon héritage familial gastronomique, il a complètement chamboulé ma vie professionnelle.
J'ai commencé de devenir végétalienne, sans même savoir que ce type d'alimentation existait, un week-end de travail où j'ai dû casser une centaine d'oeufs "bio et plein air" et ouvrir des tas de seaux de lait bio pour une prestation, cela m'a profondément dérangé.
J'étais arrivée à saturation de ces produits.
Si moi, petite entrepreneure j'arrivais à ces quantités, qu'en était-il des grosses boîtes du bio ?
J'ai commencé à chercher des renseignements sur les élevages bio, les couveuses, le sort de veaux … quel choc !!!
Alors que je n'y étais pas préparée, et alors que les premiers mois de mon végétarisme je ne connaissais pas du tout le véganisme, persuadée que j'étais de faire le maximum, je suis devenue végane du jour au lendemain après une semaine de lectures diverses sur le sujet et le visionnage de Earthling (ICI). Ce film m'a tellement retourné que j'ai été absolument incapable, entre autres, de remanger des oeufs, du fromage ou de porter du cuir…


3- Quelle est votre motivation principale ? Souffrance animale, pollution des sols, consommation d'eau, inégalités nord / sud, ou autre ?

Le refus de l'exploitation animale sous toutes ses formes, et, indissociablement la préservation de l'environnement, le respect des ressources.


4- Avez-vous amené des personnes de votre entourage à vous suivre dans ce choix ? 

Oui, mon mari, grand carnivore, m'a très vite suivi dans mes choix et réflexions pour mon plus grand bonheur.
Dans ma famille, si la grosse majorité ne conçoit pas du tout de supprimer la viande et encore moins le fromage, en revanche, tous se sont mis à nous préparer de superbes plats véganes à chaque repas où nous sommes invités !
Je n'ai jamais eu de critique sur mes choix qui ont toujours été respectés. Nous échangeons beaucoup.


5- Parlez-vous beaucoup de votre choix autour de vous ? Aimez-vous en parler ou au contraire est-ce pénible que l'on vous parle sans cesse de ce que vous consommez ?

Je n'en parle jamais à moins qu'on me le demande ; les gens se braquent à une vitesse sidérante dès qu'ils ont l'impression d'être jugés, et j'ai horreur du prosélytisme.
En revanche, mon travail me permet de casser les préjugés sur la cuisine végane qui ne serait composée que de quiche, burgers et houmous … Mon blog "Le Cul de Poule" (ICI) me permet à la fois d'exprimer ce que je pense et de partager des recettes du quotidien.
De très nombreuses personnes m'envoient des mails pour échanger discrètement et je suis toujours la première à aimer papoter sur le véganisme. Cependant, je fais rarement le premier pas.
Les questions innocentes sont toujours bien accueillies, la bêtise humaine moins ...


6- Avez-vous dû modifier votre vie sociale ? Repas au resto U ou d'entreprise, sorties, fêtes familiales et / ou religieuses ?

Dire que le gens vous invitent aussi facilement quand vous changez d'alimentation à ce point serait mentir.
Nous n'avons rien changé de notre côté : nous sortions peu au restaurant, tous les repas étant pris à la maison ; mais il est clair que les invitations sont rares, ma double casquette de traiteur et de végane n'aidant pas du tout !!
Je trouve cela incroyablement dommage car, avant de cuisiner pour les autres, inviter est simplement passer un moment avec les autres… que ce soit autour d'un plat de pâtes, d'une pizza, de tartines, dips et bâtons de crudités ... au final, on s'en fout.
Si je comprends aisément le malaise qu'il y a face à une alimentation qu'on ne connait pas du tout et la peur de rater, j'ai du mal à concevoir que des gens passent des heures à chercher sur le net ou dans leurs livres des recettes pour recevoir des omnivores, mais ne fassent pas cette démarche, qui est exactement la même, pour recevoir des véganes. 
Mais, encore une fois, je n'ai pas à me plaindre, mes parents, mes frères et soeur et mes beaux-parents se sont mis à cuisiner végéta*ien pour nous et c'est super. Parmi mes amis, il y en a qui s'inspirent des recettes de mon blog pour que l'on puisse manger tous ensemble et cela me touche vraiment. En plus, je suis toujours prête à apporter une partie du repas, en général le dessert qui est le plus problématique.


7- Concernant l'alimentation végétalienne, vous êtes-vous beaucoup documenté sur les apports, les protéines ou cuisinez-vous à l'instinct en écoutant votre corps ?

J'avais déjà un bon socle de connaissances en équilibre alimentaire, et je trouve plus facile d'avoir des repas équilibrés en mangeant végétalien qu'omnivore.
Il y a tellement de choix, de possibilités ! J'apprends petit à petit à cuisiner en écoutant mon corps et non plus en observant les quantités nécessaires en nutriments, c'est très nouveau et assez libérateur.
Mais, parce que j'ai des enfants et le souci de leur offrir une croissance optimale, je veille à diversifier au maximum leurs repas et je me casse peut être plus la tête que je ne le ferais si je vivais seule.
Je ne me complémente qu'en vitamines B12 et D, cette dernière parce que je vis dans une région peu ensoleillée et non du fait du végétalisme.


8- Vous êtes-vous débarrassé des produits d'origine animale que vous possédiez ou les gardez-vous sans les renouveler ? (chaussures, sac à main, etc …)

J'ai horreur du gaspillage, surtout quand on sait ce qu'ont vécu les animaux pour finir en sac, chaussures, pull ou crème de jour … En revanche, il m'a été impossible de continuer à porter ces produits, alors je les ai donné.


9- Vous arrive t-il d'avoir envie de quelque chose provenant de l'industrie animale (l'eau à la bouche devant un aliment, un coup  de coeur pour un vêtement, etc …) ?
Devez-vous faire appel à votre volonté pour maintenir le cap ou est-ce complètement naturel ?

Je vendrais père et mère pour un paquet de M&M's véganes AVEC* cacahuètes quand je vais au cinéma ! 
Soyons parfaitement honnête : bien sûr, les odeurs titillent le cerveau (les barbecues d'été, les odeurs des restaurants, les chichis au marché de Noël) mais c'est comme la clope, ce n'est que le souvenir du plaisir vécu un jour qui est là … et je serai incapable d'en manger aujourd'hui.
Je n'ai pas de manque, la cuisine végétarienne a fait partie de ma vie avant de devenir VG et je ne l'ai pas vécu comme une frustration, au contraire.
Concernant le reste, on trouve d'excellentes marques de chaussures, le choix de cosmétiques et produits d'hygiène véganes grandit chaque jour, nos sorties familiales n'ont jamais été faites de zoos ou cirques et je n'ai pas d'attirance pour la mode.
La frustration est présente les rares fois où l'on aimerait manger en extérieur, car l'offre est très réduite voir inexistante là où je vis…
Non, ce n'est pas un effort d'avoir un mode de vie végane, pour moi c'est une évidence maintenant.


10- Diriez-vous que vous êtes plus en forme qu'avant d'être végane ?

Non, car j'ai toujours mangé sainement avec peu de produits animaux faute de sous, et refusant d'acheter du bas de gamme (soyons honnête !! )
Je n'ai donc jamais eu de problème de santé lié à l'alimentation. 


Mélanie est l'une des premières blogueuses que j'ai suivi ; son blog Le Cul de Poule (ICI) est très vivant ; toutes ses recettes sont excellentes avec chaque fois la touche pro qui fait la différence. A côté de cela, Mélanie partage ses réflexions et solutions pour adopter un quotidien végane, humour et ambiance décontractée au rendez-vous.

Sinon, s'il y a des Bretons par ici, vous avez une sacrée veine car Mélanie est traiteur végane à Plélan Le Petit et organise des réceptions dans toute la Bretagne ! N'hésitez pas à visiter son site Les doigts dans le pot (ICI) et passez le mot 😉

* Mélanie adooore les cacahuètes (ndlr)

Bonus !! Mélanie a publié un très bel ebook de recettes de Noël (ICI) : 15 propositions de l'apéritif au dessert, toutes véganes bien sûr et testées sur des omnivores (ce genre de test n'est pas encore interdit) : succès garanti :-) A télécharger d'urgence !




Commentaires

  1. Merci pour ta proposition, ta relecture attentive et tes mots gentils ! C'était vraiment intéressant de se repencher sur ce parcours, qui semble si simple avec le recul et pourtant !
    Belle soirée,
    Mélanie

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    Réponses
    1. C'est moi qui te remercie !
      Découvrir une histoire, un chemin, c'est passionnant et très beau …

      Le témoignage est une forme qui permet aux lecteurs de s'identifier, je suis certaine que ça retient davantage l'attention qu'un article classique.

      Merci d'avoir consacré de ton temps à nous raconter ta vie :-)

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